Semana Santa : Bogota - Nuqui

Publié le par Julien Houdayer

Bonnnn, on l’attendait plus celle-là !


Et bien si, voici le premier chapitre des aventures trépidantes et truculentes d’Adeline et Julien en vadrouille pendant la Semana Santa en Colombie…


Pour resituer, la Semana Santa, c’est la semaine de la crucifixion et de la résurrection du Christ, qui autorise nos chers compatriotes Colombiens à prendre 3 jours de repos bien mérités.


 


Donc 6 000 000 de Colombiens auront été attendus sur les routes ma chère Simone, ce qui aura eu pour conséquence direct une surveillance accrue de la gente militaire…c’est vrai quoi l’asphalte ça mord !


 


Donc revenons à notre petite échelle de couple de voyageurs (au sens deux, binôme, nada mas !).


La première partie de notre histoire aurait pu s’appeler « Extension du domaine de la lutte ».


 


Vous allez lire pourquoi…


 


J1


 


Notre première étape consiste à prendre le bus qui nous mènera de Bogota à Pereira, dans la zone cafetière (ce qui par définition est la zone où l’excellent café Colombien est produit).


 


Nous arrivons hélas quelque chose comme 3heures et demi trop tôt et après avoir visiter l’attrayant terminal de Bus de Bogota, nous arrivons à trouver parmi la succession de « tiendas » -magasins- pour passer des coups de fil et de « panaderias » -boulangerie au sens Colombien, leur demandez pas de baguette-, nous nous échouons lamentablement dans le seul café de tout le terminus.


 


Il faut savoir que ce terminus est relativement immense du fait que voyager en voiture ou en avion, est soit peu sur, soit trop cher…donc voyageons colombien voyageons en bus !


Nous sirotons bière sur bière (environ 0,5€) devant une télévision qui nous passe en chaîne des clips de vallenato (se prononce bailénato à peu près). Nous ne le savons pas encore, mais ces deux activités vont devenir le fil rouge de notre aventure : binouze et vallenato.


 


Petit écart sur le vallenato (oui j’annonce il va y en avoir plein, le but étant aussi une immersion culturelle non mais oh !). SI vous mixez la musique traditionnelle mexicaine, le mariachi, avec la guinguette française pour l’apport non négligeable de l’accordéon vous obtenez le vallenato.


 


Très particulier d’un point de vu sonore, cela devient complètement imbittable à forte dose…mais allez savoir pourquoi, ils aiment.


 


Peut-être à cause des clips qui mélangent habilement gros porc à moustache qui chante des mélopées à sa douce bimbo, le tout avec la tenue de cow-boy qui s’en va au loin dans la plaine, séquences riches en émotions enchaînées à l’aide de zooms, rotations, fondus néfastes, et d’effets type « clip des musclés ».


Les thèmes, je t’aime, tu m’aimes plus, je pleurs, je suis le même, pas toi, il est beau ton cheval, je suis un homme tout de même etc etc.


 


Le décor est posé.


 


Nous sortons de notre léthargie pour attendre, encore attendre, le bus qui définitivement ne s’est toujours pas décidé à partir.


 


Remarque il aurait mieux fallu que ce soit un autre que celui-là : à peine entrés, nous réalisons que nos sièges se trouvent justes à côté des lieux d’aisance, d’où une odeur proche de celle chiottes de prisons Panaméennes s’échappe.


« C’est le produit chimique » qui nous dit le chauffeur…Il commence à me prendre pour un demeuré ou bien ?


Je me dis ce n’est pas grave, je vais dormir je vais oublier ça…hélas l’appui tête, adapté à la taille de ces petites têtes brunes, m’arrive au milieu du dos.


Zen.


En reculant le siège ça ira … ah ben non, le frère jumeau de Moby Dick s’est planté juste derrière et sa bedaine proche du fût de bière à lui tout seul bloque le siège…boooonnn.


 


Heureusement ma propension légendaire à m’endormir en deux secondes 24 dans tous les types de transport existants me permet de passer cette épreuve d’une bonne dizaine d’heure, seulement ponctuée de lutte contre le système d’air conditionné inexistant ou les soubresauts du vallenato sur le poste grésillant.





J2


 


Nous arrivons dans la joie et la bonne humeur après 360 bornes de montagnes à 30km/h de moyenne, embaumant le Chacal n°5 à Pereira. Ni une ni deux nous filons à l’aéroport.


 


O surprise !


 


Plus de vol pour Nuqui, sur la côte Pacifique qui est notre première destination de villégiature…


On négocie, on parlemente « allez, on s’assoit dans la cabine, dans la soute etc. ». Mais rien n’y fait.


Nous décidons donc de prendre le prochain vol pour Quibdo, capitale du Chocó, région à l’ouest de Colombie, et aviser sur place puisque le commercial de l’entreprise (Aexpa) nous dit qu’il n’y a plus de vol Quibdo/Nuqui…Au pire on passera une nuit là bas…


Le Chocó pour info c’est la région où les colombiens flippent d’aller car très pauvre, sans infrastructures, et autrefois ( ?) axe privilégié du narco trafique…tout pour plaire…


Mais bon c’est aussi la jungle, des plages magnifiques, des parcs ahurissants…bon pour l’instant sur les photos.


 


Parfois il faut se méfier des idées toutes faites…


 


Les fameux avions d’Aexpa sont en fait des monomoteurs avec 5 places passagers. Effectivement à part sur ses genoux il aurait été impossible de s’assoir dans la cabine du pilote.


Nous survolons la jungle équatorienne et les fleuves qui brassent la boue drainées par les pluies pour finalement arriver à Quibdo.




 




Pour passer inaperçu j’ai vu mieux : nous nous retrouvons dans un autre pays, ou une autre dimension. Pas un pseudo espagnol en vue : que des blacks, grands, baraqués, et nos deux petits blanchouillards perdus au milieu de tout ça. L’espace d’un instant j’ai un doute…on n’a pas pris un avion pour le Sénégal ou quelque chose comme ça ?


La chaleur étouffante nous fait encore plus suer ce qui a l’avantage de cacher notre malaise.


La ville est composée de baraqués sur pilotis qui s’enlisent dans le fleuve, les rues sont quasi inexistantes, les sentiers boueux délimitent les semblants de quartiers…


Dormir ici ?


Hors de question.


On négocie, cherche, fouine, et finalement trouvons un avion qui peut nous emmener à Nuqui.


 


Pour votre gouverne il n’y a aucune route qui mène à Nuqui. Soit l’avion. Soit le bateau. Mais ce dernier part de Buenaventura. Ville plus au sud peu recommandable où quelques massacres ont eu lieu juste avant de partir. Evidemment on ne sait pas si ce sont les Farc ou les Paras qui disent que ce sont les Farc…Cool.


Nous sommes obligés de tout payer en liquide, et le doute nous étreint : il semblerait qu’il n’y ait aucun moyen de retirer de l’argent à Nuqui. Heureusement une charmante habitante nous confirme que si, il existe une Banco Agrario par delà ces grands arbres verts.


 


Après l’éternelle attente nous décollons dans ce qui pourrait être un A380 à comparaison avec notre petit coucou.


 


Nous survolons la jungle et débouchons sur la côte turquoise et verte de l’océan Pacifique…c’est magnifique.




 




Etrangement, plus l’avion descend, moins je vois de ville en vue…rien…mais où va-t-il atterrir ?


 


J’ai la réponse 5 minutes plus tard lorsque nous nous posons sur une piste de fortune, faite dans la jungle.


Nous sommes finalement à Nuqui, quelque chose comme 850 km de Bogota.


Le village, car il s’agit d’un village, possède une allée principale et des rues secondaires boueuses. Pas d’asphalte. Que des blacks. Encore plus baraqués.


C’est là qu’on s’est dit, pas de conneries…


C’est donc tout sauf à l’aise que nous nous dirigeons vers la banque, accompagné de petits qui veulent porter nos sacs.







 


Boooonnn….


 


« La banque » s’avère être une épicerie de maximum 3 m de large, avec une table, deux chaises, et ce qui ressemble à une machine à paiement par carte…


La bonne nouvelle c’est qu’on peut effectivement retirer de l’argent.


La mauvaise c’est que seulement si nous avons une carte Banco Agrario.


 


Après une heure de tractation avec le siège à Bogota, nous arrivons finalement à la conclusion suivante :


Nous sommes au fin fond du trou du monde, dans un village typique du tiers monde africain, nous n’avons plus de liquide car tout dépensé sur Quibdo, et nous n’avons aucun moyen de payer un hôtel, des activités, de la nourriture, ou même un billet retour à Quibdo, seul endroit à 100km à la ronde où se trouve des machines pour retirer du blé.


 


Suite au prochain chapitre…   

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C
coucou moi aussi je voyage beaucoup mais mon plus grd reve de mon enfance partir en colombie .... je pars deja en mai en israel et en juillet au mexique a monterrey et je ne parle pas espagnol.... hihi je vais m éclater
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J
Good luck pour ton voyage...Monterrey c'est très industriel tout de même...J'espère que tu auras le temps de faire la Ruta Maya.A tuttiJH
G
Et tu appelles ca des vacances ?<br /> Je sais pas ds quel état tu étais à ce moment là du récit, mais moi j'aurai été carrément en panique !!!! Je me rends compte que l'Autriche était pour moi un très bon choix.<br /> Je me précipite de suite sur le reste de tes aventures (j'ai l'impression de suivre un série comme "lost en Colombie")!!!!
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J
Moi je paniquerais de me retrouver dans une cave sans aucune ressource que mes atouts féminins (porjection hein on s'excite pas) pour m'en sortir!;)Vive l'Autriche!BiseJu
L
Qui aurait cru que ta propension légendaire à t'endormir dans tout véhicule de la création en moins de 3 secondes 10 t'aurait servi à quelque chose??? <br /> Bon, perso je veux la suite parce que pour le moment c'est comme dans les mauvais films, on sait que tu vas revenir puisque tu nous écris donc tu ne peux pas mourir mais pour le reste...<br />  <br /> Bon allez, après ma pause Bogota fever je retourne bosser, le coeur léger, c'est vrai quoi, j'ai un bon lit pour dormir, moi!
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J
Je suis très influencé par les séries américaines...Jack Bauer au rapport...toudou tuduuuuuJH