Colombiamericano
Voici une typologie de personnes ici Bogotá que je ne peux m’empêcher d’assimiler à des Américains. Si vous arrivez à visualiser Brandon et Kelly de Beverly Hills, sans les épaulettes et le brushing en version colombienne vous arrivez à situer ceux dont je veux parler. Ok peut-être que pour la visualisation si je vous dis petite pétasse refaite le ventre à l’air et gros branleur pété de thune style Tony and Guay ça vous va…ah et n’oubliez pas l’accent texan à couper au couteau.
Bon je préfère…
Alors bon j’ai essayé de me rencarder sur le pourquoi du comment du parce que…
Si vous voulez, ici, d’un point de vue économique, les USA sont le partenaire premier du pays. Du coup on évite de se fâcher avec eux et on s’en inspire pour atteindre, non un meilleur mais au moins un mieux…
Or de fait, on libéralise, libéralise à mort…voir trop…
Et notamment l’éducation.
Contrairement à leurs voisins Chiliens, Vénézuéliens ou Mexicains, les Colombiens n’ont pas répercuté lors de leur croissance à 6% des dernières années, le niveau de l’éducation sur l’ensemble de la population.
Or il est nécessaire à tout pays en développement de :
1) accumuler richesses et investissement grâce aux matières premières
2) développer le niveau moyen intellectuel pour passer d’une économie primaire à une économie industrialisée voir de service (pour plus de détail je vous renvoie à l’Inde)- et ainsi vous augmentez la valeur ajoutée des produits exportés tout en diminuant votre dépendance extérieure ce qui rétablit votre balance commercial…blabla élémentaire quoi-.
Et ben non pas ici.
Alors aujourd’hui les économistes se lamentent de voir la Colombie prendre du retard par rapport à ses camarades, que ce soit sur le niveau d’industrialisation du pays, l’investissement en nouvel technologie etc…mais cela ne change pas pour autant la vision des dirigeants qui pourraient se rendre compte que tous ces problèmes sont liées à l’éducation.
Discutez avec des professeurs et avec des chauffeurs de taxi et vous verrez en synthèse les différences qui régissent ce pays.
Les riches veulent rester riches et pour cela investissent dans des écoles élitistes (où l’on peut dire que je me trouve actuellement) et le niveau des écoles gratuites est non seulement bas mais généralement assimilé à des problèmes de drogues, de délinquances etc…
Autre fait , le revenu minimum est de 400 000 (120€) et qu’à titre d’exemple je paye mon loyer 620 000, vous comprendrez pourquoi finalement certaines familles envoient bosser leur gosses plutôt que de les envoyer à l’école.
Si je caricature à mort, on peut dire que la Colombie c’est les USA mais sans classe moyenne…Les strates sociales (6 niveaux) recoupent du plus pauvre au plus riche…
Mais si on peut dire que les 4, 5, 6 sont riches voir très riches, on se rend compte que les 1,2,3 sont pauvres voir en dessous de ce que vous êtes à même d’imaginer…
Nous l’avons vu lors de la révolution bourgeoise en France, sans l’appui de la classe moyenne, dans l’économie, un pays ne peut augmenter sa croissance…Mais si ici il n’y a pas de classe moyenne, ils font comment ?
Personne n’a su me donner la réponse, si ce n’est évidemment investir toutes ses économies pour que ses gosses aillent à l’école privée, en attendant toujours ce mieux, ce jour d’après, ou encore attendre que les entreprises internationales investissent le pays pour ensuite y trouver un job plutôt que de faire soit même ce qu’ils sont pour moi tout à fait capable d’entreprendre.
Si vous cumulez à cela, que les futures petites élites avec qui je bosse n’ont aucune conscience du fossé qui les sépare des autres, qu’ils ne rêvent que d’entreprises culturelles, sportives ou autres -complètement déconnecté de la réalité de marché de ce pays et des attentes du plus grand nombre- ; si vous ajoutez à ça l’exode massif des cadres et l’absence de confiance de ceux qui devraient être entrepreneurs…Vous arrivez à un bilan sur les perspectives pas très flamboyant…
Aujourd’hui Uribe cherche à assainir le pays, et il a raison, pour attirer les investisseurs… mais s’il ne fait pas grand-chose sur l’éducation les entreprises auront du mal à trouver une main d’œuvre qualifiée dans un pays qui lui reviendrait aussi cher que l’Inde ou la Chine, avec des restes d’instabilité en sus…
Dernier point que je trouve ironique, mes amis ricains qui sont le modèle de mes actuels compatriotes, du moins certains mais vu que ce sont eux qui ont l’argent et le pouvoir on va dire ça comme ça, sont les premiers à critiquer la Colombie, la comparant à l’Irak sur le plan international…Méthode extrêmement dissuasive pour l’investissement vous vous en doutez.
Donc, que leur grand pote soit leur pire ennemi commercial au final, ça, bizarrement ça ressort pas trop dans les discussions…
Mais bon je vous rassure nous avons notre lot de responsabilité avec nos barrières sur les prix, nos aides aux agriculteurs etc etc.
Personne n’est parfait et advienne que pourra.